saint André Corsini et saint Pierre Thomas
Lorsque les Carmes devinrent des prédicateurs et des confesseurs, ils se présentèrent dans les Universités pour y étudier la théologie. Et bientôt, plusieurs d’entre eux s’y distinguèrent comme Maîtres réputés, en particulier à Paris. Au XIVe siècle, deux Carmes s’illustrèrent dans la charge épiscopale : saint André Corsini et saint Pierre Thomas.
André Corsini (1302-1374), après avoir gaspillé sa jeunesse de riche seigneur florentin dans le jeu et la débauche, allant même jusqu’à outrager sa mère qui le lui reprochait, se convertit et fit profession religieuse chez les Pères Carmes de Florence en 1318. Par humilité et repentir, il va mendier dans les rues, conspué par ceux qui l’ont jadis connu. Ordonné prêtre en 1328, il monte à Paris pour achever le cours de ses études théologiques et réside au couvent des Carmes, au pied de la Montagne-Sainte-Geneviève, à l’emplacement de la rue Basses-des-Carmes et de la rue des Carmes, dans le 5ème arrondissement. Prieur à Florence, puis évêque de Fiesole en Toscane (1360), il ne change en rien la manière de se comporter, continuant sa vie d’humble pénitence. Protecteur des pauvres, il est aussi l’apôtre de la réconciliation et de la paix entre les villes italiennes qui se déchirent et laissa à sa mort la réputation de thaumaturge. Il est célébré au Carmel le 9 janvier.
Pierre Thomas (1305-1366), quant à lui naît dans une famille extrêmement pauvre, au sud du Périgord, dans un village près de Sarlat. Mais doué pour les études, dès l’âge de quinze ans, il obtient de pouvoir se rendre à Agen où il étudie au Collège des Carmes. Il y découvre peu à peu leur mode de vie. En 1325, Pierre Thomas s’installe au couvent des Carmes de Lectoure où il enseigne la grammaire et la logique aux écoliers les plus jeunes. C’est là qu’il commence son noviciat. Pierre prononce ses vœux définitifs vers 1328-1329 à Bergerac et y enseigne pendant deux ans. A Agen de 1329-1331, il y étudie la philosophie tout en enseignant la logique. Il y est ordonné prêtre. Bordeaux, Albi puis Paris : il poursuit ses études tout en enseignant également. Son grade de lecteur obtenu, on le retrouve enseignant à l’université de Cahors, tout en ayant une activité pastorale. Puis, il retourne encore à Paris pour y devenir bachelier.
En 1345, Pierre Thomas est élu procurateur de son Ordre. Pour occuper ses fonctions, il se rend à la Curie pontificale qui est alors en Avignon et vit au Couvent des Carmes de la ville. Il est remarqué par Hélie Talleyrand, Cardinal du Périgord, qui le fait alors nommer prédicateur apostolique. Puis, il part terminer ses études à Paris et devient maître en théologie en 1350. De retour en Avignon, il est nommé expert en théologie par le pape Clément VI. À ce poste, Pierre Thomas est appelé à se prononcer en particulier sur un débat théologique qui a cours en ce milieu du XIVe siècle : la conception immaculée de la Vierge Marie. Il prend position en faveur de ce qui ne deviendra un dogme qu’en 1854. Malheureusement il ne reste rien de ses écrits.
Sous les pontificats des papes Innocent VI et Urbain V, Pierre Thomas va consacrer toute sa vie à accomplir les missions diplomatiques délicates qui lui seront confiées par le Saint-Siège en qualité de légat : apaisements de conflits entre princes chrétiens, défense des droits de l’Église auprès des monarques les plus puissants de l’époque, unification des églises orthodoxes et de l’Église de Rome… Tout en continuant ses missions diplomatiques, il est promu évêque de Patti, en Sicile en 1354, puis évêque de Coron, dans le Péloponnèse, en 1359. La même année, il est nommé légat universel du Saint-Siège et Inquisiteur de la foi catholique pour tout l’Orient.
Le pape Innocent VI lui donne même « un droit de regard sur les forces armées » et annonce un projet plus général de Croisade dont Pierre Thomas assumera la responsabilité. Mais c’est sous le Pape Urbain V qu’elle aura lieu, et, en vue de ses préparatifs, au printemps 1363, Pierre Thomas est nommé archevêque de Candie, en Crète, avec dispense de résidence, puis légat du pape pour la croisade et patriarche latin de Constantinople. Retardée pour diverses raisons, la Croisade s’élance enfin de Venise le 27 juin 1365. Sa destination en sera d’abord Alexandrie qui sera prise en deux jours. Mais contre l’avis de Pierre Ier de Chypre, chef militaire de l’expédition, et de Pierre Thomas lui-même, les Croisés, au lieu de tenir la ville, la pille et repartent à Chypre avec leur butin.
Le 28 décembre 1365, Pierre Thomas, de retour à Chypre, tombe malade. Il décède dans la nuit du 6 au 7 janvier 1366. Le corps du défunt reste exposé durant six jours dans l’église des Carmes sans que l’on aperçoit la moindre marque de corruption. Après son enterrement, des témoins relatent des guérisons et d’autres miracles. A ce jour, il ne reste plus la moindre trace du saint sur l’île de Chypre. Il est célébré au Carmel le 8 janvier.