La figure carmélitaine du mois : avril

Le 18 avril : Bienheureuse Marie de l’Incarnation

Barbe Jeanne Avrillot est née à Paris le Son père sera très tôt un ligueur convaincu. Barbe a trois petits frères.

Enfant, elle est confiée à sa tante Isabelle Lhuillier, clarisse à Notre-Dame de Longchamp. Chez ces religieuses, elle apprend à lire, à chanter et à prier. Dans ce couvent, à l’âge de 14 ans, les filles doivent choisir entre la vie religieuse et le mariage. Or, en 1580, la peste et le choléra sévissent à Paris : Barbe choisit d’être religieuse à l’Hôtel-Dieu pour servir les pauvres malades. Mais ses parents veulent la marier. Ils la retirent donc de son couvent pour la ramener dans leur maison. Cependant Barbe refuse de porter des parures et des bijoux. Pour la punir, sa mère la soumet aux rigueurs de l’hiver : elle aura un pied gelé et un os sera même atteint. À l’âge de seize ans et demi, en 1582, ses parents la marient à Pierre Acarie (âgé de 22 ou 23 ans), maître des comptes et futur ligueur. Il est fils unique, vicomte de Villemor, seigneur de Montbrost et de Roncenay. Finalement le couple est très amoureux. Ils auront six enfants, trois filles et trois fils.

Le couple s’installe dans le Marais à Paris. Leur salon voit se réunir la jeunesse dorée de Paris. Barbe lit beaucoup de livres profanes, mais, à l’initiative de son mari, ils seront remplacés par de pieuses lectures. Probablement vers 1587, elle lit la pensée suivante : « Trop est avare à qui Dieu ne suffit ». Cette phrase la transforme complètement, et sa vie change radicalement.

Pendant la dernière guerre de religion, Barbe se dévouera pour soigner les blessés, ainsi que les malades de la peste. Lorsqu’Henri IV prend la ville de Paris en 1594, Pierre, ligueur, est banni de la ville et se voit contraint de s’enfermer chez les chartreux de Bourgfontaine (près de Soissons). Tous ses biens sont saisis par les créanciers. Barbe se retrouve ruinée et sans ressources. Elle affronte de nombreuses épreuves et humiliations pour rétablir la situation de son époux, et en 1599, elle obtient du roi la grâce de son mari. Cependant, une grave chute de cheval lui occasionne diverses fractures (jambes, hanche) qui la laisseront handicapée à vie. Elle continuera néanmoins à s’investir dans les actions sociales de proximité, notamment envers les prostituées.

C’est en 1590 qu’elle éprouve ses premières manifestations mystiques et décide de se vêtir simplement. Barbe envisage de consacrer tout son temps à Dieu, mais elle est mariée. Plusieurs religieux proches la renvoient à son devoir d’état : son époux et ses enfants. À partir de 1593 elle commence à éprouver les douleurs des stigmates, sans que ceux-ci ne soient apparents. Mme Acarie sera d’ailleurs la première Française à être officiellement reconnue par l’Église catholique comme portant les stigmates.

A l’Hôtel Acarie qui lui a été restitué en 1598, elle anime un cercle spirituel auquel participent notamment son cousin, Pierre de Bérulle, mais aussi Saint Vincent de Paul, Saint François de Sales, et bien d’autres. Ce cercle, sensible à la mystique flamande et rhénane comme aux influences religieuses espagnoles, participe au renouveau catholique de la Contre-Réforme en France. Elle intervient également dans les réformes de différents monastères, ainsi que dans la fondation, en France, de l’ordre des Ursulines destinées à l’éducation des jeunes filles.

Madame Acarie est très impressionnée par la lecture des œuvres de Thérèse d’Avila, traduites par Jean de Brétigny et publiées en 1601.  Elle dira avoir eu, par deux fois (1601-1602) la vision de Thérèse d’Avila lui demandant d’introduire en France le Carmel réformé. Elle rassemble alors des jeunes filles et des jeunes veuves avides de spiritualité et lance des démarches pour obtenir les autorisations nécessaires à la fondation d’un carmel déchaussé en France. Le

Après la mort de son mari, le , elle entre elle-même au Carmel d’Amiens, le comme sœur laie (ou sœur converse), sous le nom de Marie de l’Incarnation. Très affaiblie, elle est régulièrement malade et souffre beaucoup. Elle parle, enseigne et prodigue ses conseils aux novices, mais aussi aux carmélites et à la prieure. En décembre 1616, elle se retire au carmel de Pontoise. Elle y meurt le . Ses trois filles seront également carmélites.

Elle sera béatifiée en 1791 par le pape Pie VI.