Les figures carmélitaines : mai

8 mai : Bienheureux Aloysius (Louis) Rabata

Aloysius Rabata (1430-1490) était un carme sicilien qui vivait « dans l’amour de la règle » et le pardon pour ses ennemis.

Il est prieur du monastère des carmes à Randazzo, quand en 1490, il est mortellement blessé d’une flèche dans la tête par un agresseur dont il refusera de donner le nom (malgré des demandes répétées). Il décède des suites de sa blessure le  après avoir pardonné à son meurtrier. Une tradition non confirmée, indique que son meurtrier serait un certain ‘Anthony Catalucci’ qui l’aurait frappé parce que le religieux aurait eu « trop de zèle à condamner la conduite de son frère ». Une autre source complète qu’il aurait reproché les dépenses vestimentaires extravagantes d’un seigneur local.

À sa mort, son corps est enterré dans l’église de Randazzo. Il devient immédiatement l’objet de vénération et de pèlerinage pour les malades, particulièrement pour les personnes souffrant d’obsessions. De nombreuses personnes témoignent de miracles et de grâces accordées par son intercession. Il est béatifié le 10 décembre 1841. Bien que décédé à la suite d’un homicide, le bienheureux n’est pas classé au rang des martyrs.

16 mai : Saint Simon Stock

Simon naquit vers 1165 dans le comté de Kent. Après avoir vécu en ermite il entra dans l’Ordre du Carmel. En 1245 il fut élu prieur général. C’est le moment de l’implantation de l’Ordre en Europe. Les carmes sont alors dans un contexte difficile : établis sur le Mont Carmel, petit massif montagneux au Nord de la Terre Sainte, près de la forteresse de Saint-Jean-d’Acre, ces ermites venus d’Europe reviennent progressivement vers leurs contrées d’origine. Comme le reste du Royaume chrétien de Jérusalem, ils se trouvent sous la menace des Mamelouks, mercenaires au services des sultans musulmans. Déjà en 1238, ces derniers avaient fait une incursion au Mont Carmel, décapitant les ermites qu’ils y trouvèrent.

Devant la difficulté à être acceptés en Europe, d’après des textes du XV° siècle, la Vierge Marie apparaîtrait alors à saint Simon Stock pour aider les carmes à être reconnus comme Ordre religieux au même titre que les Ordres de saint François et de saint Dominique. La tradition orale situe cette apparition de Notre-Dame en 1251 à Aylesford, à quarante kilomètres au Sud-Est de Londres. Notre-Dame, lors de cette apparition, aurait pris une initiative surprenante. Se tenant devant saint Simon, vêtue simplement, sans couronne, entourée d’une multitude d’anges, la Vierge lui tend un scapulaire – grand pan de tissu couvrant l’avant et l’arrière du corps, posé à même les épaules, en latin scapulæ – tout en lui disant « voici un privilège pour toi et ceux du Carmel ; celui qui mourra revêtu ainsi sera sauvé ».

Sous l’influence de Simon, l’Ordre prit par une vaste expansion. Il mourut à Bordeaux le 16 mai 1265 au cours d’une visite qu’il effectuait des maisons de son Ordre en Aquitaine. Son culte liturgique apparaît à Bordeaux en 1435, en Irlande et en Angleterre en 1458, dans le reste de l’Ordre en 1564. Sa réputation de sainteté était étendue et à partir de 1423 il y eut de fréquents prélèvements de ses reliques, la dernière datant de 1950. Depuis son décès jusqu’en 1793 son corps fut conservé chez les carmes de Bordeaux. Durant la Révolution il fut caché par le père Soupre. Par la suite il fut déposé à la cathédrale dans la chapelle de Notre-Dame du Mont-Carmel, sous l’autel de Notre-Dame de la Nef. Il n’a pas été canonisé officiellement et est vénéré par les carmes et dans de nombreux diocèses, dont celui de Bordeaux, bien sûr.

Il adressait souvent à la Vierge Marie cette prière qui est devenue la prière mariale par excellence de l’Ordre :

Flos carmeli
Vitis florigera
Splendor caeli
Virgo puerpera
Singularis
Mater mitis
Sed viri nescia
Carmelitis
Esto propitia
Stella Maris
Fleur du Carmel
Vigne fleurie
Splendeur du Ciel
Vierge féconde
Unique
Douce Mère
Qui ne connut pas d’homme,
Aux enfants du Carmel
Sois propice
Étoile de la mer